« 2020 sera l’année de la BD » pour Franck Riester

Par : Angèle Boutin

30/01/2019

Le 25 janvier dernier, le ministère de la Culture a rendu public le rapport de Pierre Lungheretti (directeur de la Cité de la BD) « La bande dessinée, nouvelle frontière artistique et culturelle », mentionnant 54 propositions pour « une politique nationale renouvelée ».

Sept verbes structurent cet état des lieux de la bande dessinée en France : renforcer, améliorer, développer, initier, assurer, mettre en oeuvre et instituer. Et plus précisément, 54 propositions pour « repenser, trente-cinq ans après le Plan image mis en oeuvre par le ministère de la Culture, le cadre d’une politique publique d’ensemble », selon les termes employés par l’ex-ministre, Françoise Nyssen, en mars 2018 dans sa lettre de mission.
 
Un état des lieux sans appel 
 
La France est le troisième pays producteur de BD au monde (12 % du secteur de l’édition en 2017), avec un accroissement de sa production par dix depuis 1996. Globalement, depuis 25 ans, on assiste à une diversification des formes et des genres. Le marché continue de croitre, affichant + 13 % en 2017 et + 11 % en 2018, mais la croissance stagne en raison d’un problème commun à l’édition en général : la surproduction. 
 
En effet, il y avait 60 éditeurs de BD pour 589 titres en 1992. En 2016 ils ont atteint le nombre de 384 éditeurs pour 5 305 titres et en 2018, ce sont 535 maisons d’édition qui ont publié des titres de BD (38 834 exemplaires). 
 
Les librairies spécialisées francophones (Belgique, France, Québec, Suisse) croissent et voient leur chiffre d’affaires en progression : elles ont atteint le nombre de 50 en 1990 et sont 120 en 2018. Canal BD a affiché une hausse de son chiffre d’affaires de 9 % en 2014. 
 
La BD à l’international est aussi un outil du soft power et donc de la diffusion de la francophonie à l’international. En 2017, elle a représenté 25 % des titres cédés (sur l’ensemble des cessions de droits). 
 
Enfin, les illustrateurs affichent la dégradation la plus importante de leurs droits d’auteurs perçus par rapport aux autres auteurs, en 2013 la moyenne était d’environ 15 500 euros par an pour les illustrateurs, de 17 500 pour les traducteurs et de presque 20 000 euros pour les écrivains. 
 
54 propositions dont l’année zéro de la mise en place serait 2020
 
Chaque proposition insérée au sein des différents axes de réflexion est chiffrée et planifiée par le rapport. 
 
Ainsi, pour renforcer la reconnaissance institutionnelle du 9ème art, premier axe de réflexion, on retrouve l'idée de renforcer et d’appuyer le Festival de la BD d’Angoulême, ou encore de créer une chaire d’enseignement de l’histoire de la BD ; mais aussi faire de l’École Européenne Supérieure de l’IMage d’Angoulême et de Poitiers l’École Nationale de la Bande Dessinée. 
 
Le second axe, visant à améliorer la situation des auteurs, propose un nouveau régime des revenus accessoires, un conditionnement des aides publiques aux auteurs ainsi qu’aux festivals à la rémunération des auteurs, ou bien une mise en réseau des lieux et des auteurs pour de nouvelles résidences d’auteurs, tout cela par le biais du CNL.
 
Pour renforcer la diffusion et la visibilité de la BD, quoi de mieux qu’un programme pluriannuel d’observation du secteur ou un soutien accru porté aux petits éditeurs indépendants ? 
 
Le rapport préconise en matière d’EAC (Education Artistique Culturelle) de créer un établissement scolaire pilote ou de thématiser des internats d’excellence, mais aussi avant tout d’évaluer les EAC déjà existantes en la matière.
 
Pour assurer le rayonnement de la BD, outil de soft power, il est proposé de créer un programme de promotion de la francophonie autour de la BD ciblé sur le monde arabe et l’Afrique subsaharienne, ou encore de mettre en place une journée professionnelle spécifique pour le marché international des droits au Festival d’Angoulême. 
 
L’avant-dernier axe, la mise en oeuvre d’une politique nationale du patrimoine, s’incarnerait dans la sauvegarde des fonds patrimoniaux, dans le soutien des projets de reconnaissance des collections et archives pour obtenir la labellisation « mémoires du monde » à l’UNESCO. 
 
L’ultime proposition constitue également le dernier axe de réflexion : parce qu’une nouvelle politique ne peut être mise en place sans une nouvelle organisation ministérielle, le 9ème art pourrait intégrer la politique des arts visuels.
 
 
Le rapport est disponible ici

TEMPS DE LECTURE: 3 minutes

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