L’exportation de livres sauve l’édition au Royaume-Uni

Alors que l’agacement des auteurs britanniques se fait sentir, l’association des éditeurs a révélé son rapport Publishing Yearbook 2017 annonçant des records de ventes pour le secteur de l’édition. 

L’exportation représente 60% du CA 

Cette année, les recettes provenant des coéditions et cessions de droits ont été incluses au rapport afin de refléter plus fidèlement le poids de l’industrie du livre au Royaume-Uni et sa position en tant que « moteur des industries créatives » selon les termes de Stephen Lotinga, directeur de l’association des éditeurs. 

En 2017, l’exportation a augmenté de 8% pour atteindre les 3,4 milliards £ (3,8M€). Cette hausse est constatée sur les ventes de livres scolaires, les fictions, les non-fictions et publications issues des recherches académiques. 

Le livre audio a le vent en poupe 

Les ventes de livres audio ont augmenté de 25% en 2017 pour atteindre 31 millions £ (35M€). Entre 2013 et 2017, les ventes sous ce format ont plus que doublé, alors que les ebooks ont baissé de 25%. Ces chiffres ne prennent cependant pas en compte les résultats d’Audible UK, dont on estime le CA de 2016 à 67 millions £ (75M€). Lotinga rappelle que « la société détenue par Amazone est en position dominante sur le marché ». 

Drapeau en berne pour le scolaire

Hugues Colin, directeur général de Collins Learning (HarperCollins) s’inquiète de la baisse de 12% du secteur scolaire car elle n’a pas été compensée par les ventes au format numérique : « Les écoles au Royaume-Uni, à tort ou à raison, ont le sentiment d’être soumises à une pression budgétaire […]. Les ministres pensent que les fonds sont suffisants pour acheter des manuels scolaires alors que les directeurs d’écoles et les gouverneurs disent le contraire. Cela semble s’accompagner d’un scepticisme croissant quant à la valeur des manuels scolaires ». 

Un secteur universitaire stable

En 2017, les ventes de livres universitaires ont augmenté de 6% (1,2 milliard £) et celles de revues de 5% (1,6 milliard £).  Les recettes issues des redevances Open Access ont augmenté de 21%.

Le Brexit dans tout ça ? 

Il semblerait que la décision prise par le peuple britannique n’ait pas empêché la commercialisation du livre. Les ventes sur le continent européen ont augmenté de 13% ce qui représente 489 millions £, en Asie de l’Est et du Sud, les ventes ont progressé de 8% atteignant les 248 millions £. 

Les ventes de livres en Amérique du Nord ont baissé de 10%, mais celles concernant les journaux ont augmenté de 10%, représentant 41% du marché des exportations des revues britanniques. 

L’exception britannique ?

Et Stephen Lotinga de rajouter « Le Royaume-Uni continue d’être le leader mondial en matière d’exportation de livres […] par rapport aux autres pays [Etats-Unis et Inde]. Nous avons également la chance d’avoir les meilleurs talents en écriture et les meilleurs chercheurs académiques au monde, auprès desquels il existe une forte demande d’enseignement ». 

David Shelley PDG de Hachette UK déclarait « Les chiffres de 2017 mettent en avant la créativité et l’innovation de l’industrie de l’édition au Royaume-Uni et montrent qu’elle est en excellente santé, avec une attention à l’international accrue ». 

L’avenir ? 

Stephen Lotinga souligne que « ces chiffres soulignent encore une fois à quel point le commerce international est important pour notre industrie nationale […]. A l’heure où nous assistons à d’énormes changements politiques à l’échelle internationale avec des menaces de tarifs et d’accords commerciaux, nous devons continuer à nous battre pour les choses dont notre industrie a besoin pour prospérer, y compris un engagement indéfectible au droit d’auteur ». 

Source : The Bookseller et Publishers Association / Crédits Illustrations : Publishers Association