Australie : la hausse du coût du papier a des conséquences sur l’industrie du livre

Par : Caroline Garnier

16/11/2018

L’importante augmentation du prix du papier en Australie entraîne de sévères répercussions pour les imprimeurs et l’ensemble de la chaine.

Le papier représente désormais plus de 50% du coût de production d’un livre, entraînant la nécessité de trouver des solutions afin de limiter les répercussions de cette hausse sur l’industrie du livre et sur les lecteurs.

Ces deux dernières années, les fabricants de papier australiens, ont augmenté leur prix de 6 à 8%. En 2018, le secteur a connu deux nouvelles augmentations, une de 6 à 8% et une autre de 5 à7%.

Selon Richard Celarc, membre de la compagnie d’imprimerie the Opus Group, cette hausse s’explique par trois raisons principales: « L’inflation du prix est due à une augmentation du prix de la pâte à papier (elle a augmenté de 23% entre mars 2017 et mars 2018) lié à l’affaiblissement du dollar australien. Il y a aussi eu la hausse du fret et des coûts d’énergie, comme en connaît l’Australie. Et pour retourner le couteau dans la plaie, les contraintes d’approvisionnement causées par les réformes du gouvernement chinois ». Il craint que cette augmentation se poursuive en 2019.

Outre les impacts asiatiques, la concentration du marché aux Etats-Unis n’aide en rien à la situation australienne : un leader de l’imprimerie, Quad/graphics, a créé la surprise,en annonçant qu’il était sur le point d’acquérir un autre des plus grands imprimeurs : LSC Communications. Les éditeurs états-uniens vont « donc rencontrer un marché moins compétitif et une hausse des prix de l’impression et de l’expédition de magazines ». Recourir aux services d’imprimeurs américains plus compétitifs que leurs homologues australiens, malgré les frais d’importation, est donc une option de plus à écarter.

Dans un rapport publié en janvier 2018, le consultant et chercheur dans l’édition internationale, Thad Mcilroy, liste les différentes conséquences de cette situation en Amérique du Nord. Elle induit selon lui un déclin de la demande « pour certaines catégories de papier, plus particulièrement le papier journal », ce qui « cause des dysfonctionnements économiques dans l’industrie de la fabrication de papier ». Et Mcilroy de rappeler que « La baisse de la demande en Amérique du Nord, combinée à l’augmentation de stocks de papier bon marché à l’étranger nuit fortement à la puissance de l’industrie nord-américaine. Le marché nord américain et européen sont fortement fragilisés par le bas prix de l’importation, tel qu’il est exercé en Asie ».

En Australie, les plus affectées par ces changements sont les plus gros imprimeurs. Même si les plus petits ne sont pas épargnés par cette tendance du marché, les répercussions sont moindres compte-tenu de leurs tirages plus modestes. Les éditeurs australiens risquent, quant à eux, de perdre leurs contrats avec les fournisseurs étrangers. Les délais de production de ces derniers requièrent souvent trois mois, une marge, qui est difficilement conciliable avec le calendrier des échéances des éditeurs locaux.

Louise Sherwin-Stark, directrice de Hachette en Australie et en Nouvelle-Zélande, affiche sa volonté de participer à une économie locale. «  Nous nous efforçons d’imprimer autant que possible dans le pays. Cette stratégie ne concerne pas exclusivement nos livres australiens, mais elle concerne aussi l’impression en masse des nouveautés internationales, qui améliore la rapidité du marché, réduit nos coûts de frets, particulièrement les frets aériens, qui sont élevés et polluants ». Imprimer sur le territoire australien a aussi l’avantage de proposer plus rapidement aux lecteurs les livres qu’ils désirent lire.

Les imprimeurs comme Opus Group recherchent activement des solutions, comme l’explique Richard Celarc: « Notre objectif premier est d’être honnête envers les éditeurs et de collaborer avec eux pour trouver des accords qui conviennent aux deux parties. Si nous travaillons ensemble, nous sommes plus susceptibles de trouver le meilleur scénario pour répondre à ces difficultés ».

Dans cette perspective, il souhaiterait créer une table ronde avec les éditeurs, les imprimeurs et les fournisseurs afin de trouver un accord sur les questions du prix et de la disponibilité du papier.

Opus Group désire également échanger avec les parlementaires afin de leur faire part de ces problématiques.« Nous voulons que nos dirigeants comprennent le parcours du cheminement du papier et de l’impression en Australie ainsi que sa portée économique. Des investissements éventuels pourraient sauver l’industrie de l’impression en Australie », précise-t-il.

Source: Australianpublishersassociation

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