Gibert Jeune ou Joseph, désormais c’est (presque) pareil !

Par : Dario Alcide

02/11/2017

De nombreux étudiants se posent chaque année la question de savoir quelle différence il y a entre Gibert Jeune et Gibert Joseph, l’un jaune et l’autre bleu, dont les locaux parisiens du quartier latin ne sont espacés que de quelques pâtés de maison.

Depuis mai dernier cependant, le tribunal de commerce de Paris a validé la reprise de Gibert Jeune par Gibert Joseph. Les deux enseignes n’en font plus qu’une, c’est officiel.

Une réconciliation sur fond de crainte des salariés

Une procédure de redressement judiciaire de Gibert Jeune a été ouverte le 13 avril dernier et Gibert Joseph, au travers de sa holding Palidis, s’est porté acquéreur de la librairie. Olivier Pounit-Gibert, président de Palidis, précisait à l’AFP : « Il y a unification des deux branches pour n'en former qu'une même si Gibert Jeune va continuer à conserver son autonomie ». « Nous reprenons 88% du personnel de Gibert Jeune […] Les personnels non repris sont essentiellement des personnels de direction et quelques éléments du service support ». « Nous reprenons 160 personnes de Gibert Jeune sur 182 ». Si cette information vise à rassurer les employés de Gibert Jeune, Remy Frey, de son côté, représentant de la CGT de Gibert Joseph, semble moins optimiste. Selon lui, « Le maintien en l’état » des deux enseignes proposant des « offres quasiment identiques », sachant que « la fréquentation du quartier est en baisse », « paraît très peu probable ».

Les sept magasins Gibert Jeune ont effectivement beaucoup souffert du recul des marchés universitaires ainsi que de la baisse de la fréquentation générale du quartier, à la suite des attentats survenus à Paris. Ainsi, en 2016, Gibert Jeune réalisait un chiffre d'affaires d'environ 28 millions d'euros (23,8 millions pour le livre) accusant des pertes de 590.000 euros. Sur la même période, son rivale de frère générait un chiffre d'affaires de 123 millions d'euros (90 millions pour le livre) et dégageait un bénéfice d'environ 312.000 euros. 

La fin d’une guerre de presque cent ans !

Pour mémoire, à l’origine, c’est un professeur de lettres auvergnat qui a l’idée, en 1888, de créer une librairie à Paris, spécialisée dans le négoce de livres scolaires d’occasion. La loi Jules Ferry ayant rendu l’école gratuite et obligatoire quelques années plus tôt, le succès de l’enseigne est quasi immédiat. Gibert Joseph devient rapidement une place de marché incontournable. En 1915, à la mort du père, les deux fils Gibert reprennent le flambeau et finissent par se séparer en 1929, pour des raisons toujours inconnues à ce jour. Le cadet, Régis Gibert, garde la librairie historique du quai Saint-Michel et se rebaptise Gibert-Jeune. L’aîné, quant à lui, s’installe quelques centaines de mètres plus loin et décide d’ouvrir une boutique en son nom : la librairie Gibert Joseph est née. 

Si le jaune, Gibert Jeune, décide de se centraliser à Paris en ouvrant notamment une librairie papèterie sur 7 étages, place Saint-Michel ; son rival et aîné, bleu, Gibert Joseph, part à la conquête de la France et développe un réseau de librairies en Province : à Lyon, Grenoble, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand, Poitiers, Dijon, Toulouse, Montpellier, Marseille, ainsi qu’en région parisienne à Versailles. 

88 ans plus tard, alors que Gibert Jeune connait des difficultés financières, la famille se réunit enfin. Les deux enseignes devraient conserver leurs noms, locaux et clients propre. L’avenir dira cependant si une marque n’absorbera pas l’autre.


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