Maison des écrivains et de la littérature : « une situation intenable et qui se répète »

Par : Angèle Boutin

08/04/2019

En l’absence du président de la Mél, Jean-Yves Masson, c’est Marianne Alphant (vice-présidente) qui animait la conférence de presse ce matin, rue de Chevreuse à Paris. L’objectif était de revenir sur les rumeurs ayant circulé autour de la Maison des écrivains ces dernières semaines, et de faire un point sur les activités et les finances de l'établissement.

La Mél défraie la chronique depuis plus d’un mois et semble avoir obtenu gain de cause le 27 mars dernier en recevant, avec toute l’urgence imposée par la situation, une subvention de 400 000 euros de la DRAC d’Île-de-France auxquels s'ajoutent 100 000 euros supplémentaires en provenance des autres DRAC du territoire français. 
 
L’association est victime d’une réduction de ses subventions à hauteur de 50 000 euros chaque année depuis plus de trois ans, tout en élargissant son champs d’action en éducation artistique et culturelle (EAC), et en continuant de rémunérer les auteurs selon la convention du Centre national du livre, voire même de les augmenter. En effet, en 2010-2011, elle reversait 263 000 euros aux auteurs, en 2018, elle a reversé 268 000 euros en droits d’auteurs : « on a fait toujours plus, mais avec beaucoup moins, il a donc fallu puiser dans nos réserves », ce qui explique le seuil critique atteint en février.
 
« Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenues, qui ont signé la pétition [plus de 7 780 signataires], les députés et sénateurs qui ont tenté d’alerter le pouvoir et le ministère [de la Culture] », insisté Marianne Alphant, après être revenue sur le scénario catastrophe et chronologique qui a plongé la Mél dans la tourmente depuis le 28 février dernier. 
 
La Mél a rappelé que les 500 000 euros octroyés par le ministère de la Culture ne suffiraient pas à couvrir les dépenses engendrées par les multiples activités d’EAC, les salaires des 11 salariés, et l’errance physique des bureaux de cette dernière : « Les budgets qui s‘additionnent ne garantissent pas un avenir pérenne. L’alerte doit non seulement être maintenue, mais aussi élargie. L’expansion des activités nécessite la stabilité des équipes et des lieux ».
 
« On ne sait pas qui va disparaître chaque année […]. Les pouvoirs publics doivent faire en sorte que cette situation change. C’est une situation intenable et qui se répète » rappelle le trésorier de la Mél, Christophe Lamiot Enos, avec une voix oscillant entre exaspération et désespoir. 
 
L’autre problème soulevé ce jour de manière grandiloquente se résume aux bureaux de la Mél. Une errance imposée, entre les locaux du Centre national du livre (en 1986), puis le Petit Palais, pour finir rue de Montmorency dans le bâtiment des frères Goncourt, auquel le public n’a pas accès. Un comble pour une association qui fait de l’EAC son fer de lance.  
 
Une pro-activité revendiquée, objet des rumeurs
 
L’association se place comme premier employeur d’auteurs en 2018, avec près de 268 000 euros des droits d’auteurs reversés, employant 500 auteurs et autrices chaque année (dont 41 % d’auteurs généraux, 27 % d’auteurs jeunesse et 32 % d’auteurs mixtes).  
 
Comme pour mieux justifier de sa situation, la Maison des écrivains et de la littérature a souhaité mettre en lumière ses programmes déjà phares : « L’ami littéraire » (maternelle/primaire/secondaire) et « Le temps des écrivains à l’Université » que la Mél co-finance systématiquement à hauteur de 50 % à chaque fois. Mais aussi, « Les enjeux » qui permettent une mise en relation des auteurs, chercheurs et enseignants afin de réfléchir sur la littérature contemporaine. 
 
La Mél, ce sont aussi des actions innovantes à venir et qui se mettent en place depuis quelques années : « À la table de lecture », « Le parlement sensible » et « D’un monument l’autre, un lieu, un écrivain ». 
 
La pro-activité de l’association lui a permis de remporter des appels d’offre, et dans le cas des « leçons de littérature de la Région Ile-de-France » de permettre de salarier trois personnes de plus. A fortiori, « ces projets devraient nous permettre de trouver des financements régionaux, en passant par les conseillers livres des DRAC, voire les municipalités et communautés de commune »

Dans un mail envoyé en fin de journée, la structure rappelle que « si la situation de la Mel est stabilisée pour 2019, il convient néanmoins de rester très vigilant dans les mois à venir, pour le prochain exercice ».

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