Les éditeurs francophones réintègrent les librairies françaises

Par : Lucile Payeton

18/04/2019

De plus en plus de maisons d’éditions étrangères (belges, suisses, tunisiennes) se font une place sur les étagères des librairies françaises, détournant ainsi la norme qui voulait que ces dernières cèdent leurs droits aux maisons d’éditions françaises.

Pendant longtemps, l’édition francophone devait passer par la cession de ses droits à des maisons d’édition françaises afin de voir ses auteurs représentés dans l’Hexagone. Un système qui ne laissait pas les maisons d’édition francophones sans questionnement sur la représentation de leurs oeuvres par un autre éditeur.
 
Eric de Larochellière, directeur général de la maison québécoise Le Quartanier a confié au Monde : « L’éditeur français qui acquiert le titre saura-t-il bien le vendre ? Si ça ne marche pas commercialement, que se passe-t-il pour la suite de l’œuvre ? Nous ne souhaitons plus laisser le sort de nos livres à la merci d’un contexte fluctuant qui n’est pas le nôtre, qui n’a rien à voir avec les livres eux-mêmes ». 
 
Une telle reprise de pouvoir sur le marché français n’est pas sans effort de la part des maisons étrangères, qui doivent redoubler d’investissements en assurant la distribution et la diffusion de leurs livres, mais aussi la promotion et la représentation de leurs auteurs en France. 
 
Afin d’assurer leur indépendance, certaines maisons d’édition n’hésitent pas à se fédérer, s’entraidant ainsi dans la promotion et la représentation de leurs parutions lors des étapes de diffusion et de représentation dans les librairies et les divers salons. Une idée suivie par quatre éditeurs suisses, Editions d’En bas, Art & Fiction, La Baconnière et Hélice Hélas, en créant le collectif « Les Insécables ». Alexandre Grandjean (coordinateur d’Hélice Hélas) déclare dans les pages du Monde : « Céder des droits, c’est perdre une autonomie. Notre idée, c’est plutôt de se fédérer pour être plus forts ensemble ». 
 
L’intérêt des lecteurs à découvrir des oeuvres francophones non publiées par des maisons françaises ne fait qu’encourager les éditeurs étrangers à s’implanter dans l’Hexagone. Ceux-ci observent d’ailleurs que les différences entre littérature française et littérature francophone qui ont pu exister, se dissolvent davantage. 
 
Caroline Coutau, éditrice chez Zoé (maison d’édition suisse) fait ainsi remarquer qu’« en librai­rie, littératures françaises et francophones sont de moins en moins séparées, voire pas du tout. Les frontières, la notion d’identité en littérature ont moins de sens, le monde devenant plus métissé ». 
 
 
 
Source : Le Monde

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