Nathalie Zberro : « J’enquête telle une détective »

Par : Caroline Garnier

21/03/2019

Le 13 mars dernier, les Editions Rivages ont publié "Notre âge d'or", un roman ambitieux de l'auteure américaine Jane Smiley, soutenu par l'éditrice Nathalie Zberro. L'occasion de découvrir le parcours de cette éditrice spécialisée dans la publication de livres étrangers en France.

BookSquad : Depuis mai 2013 vous êtes directrice de la collection littérature étrangère chez les Editions Rivages, comment êtes-vous arrivée dans le monde de l’édition ? Et plus particulièrement dans l’édition de livres étrangers ?

Nathalie Zberro : De mes 3 à 21 ans, je voulais être à tout prix professeure de lettres. Mais à 21 ans, j’ai fais un stage chez Flammarion en Beaux livres et finalement j’ai décidé de me diriger dans cette voie et de devenir éditrice. En fait, j’étais plus intéressée par la littérature en elle-même que par l’enseignement.

Ensuite, je suis arrivée chez les éditions Olivier et comme les équipes en littérature française étaient déjà complètes, j’ai intégré le département de littérature étrangère. C’est donc un peu par hasard que je me suis retrouvée dans cette spécialité, tout en étant issue d’une formation en littérature française. 

 

BS : Quels sont les enjeux propres à l’édition de livres étrangers ?

N.Z : L’un des principaux enjeux consiste à découvrir une autre culture, mais aussi à rendre les ouvrages de littérature étrangère attractifs, à attirer les lecteurs dans un marché qui est en difficulté.

 

BS : Comment sélectionnez-vous les ouvrages que vous éditez ? 

N.Z : En général ce sont des agents qui viennent vers moi pour me proposer des livres et je sélectionne ceux qui m’intéressent. Sinon il m’arrive aussi d’aller chercher moi-même des livres à éditer, via les réseaux sociaux par exemple, où je peux trouver une piste. J’enquête telle une détective [rires] pour en savoir davantage sur ce livre. Je publie de nombreux livres d’ailleurs en opérant cette méthode. En janvier dernier par exemple, j’ai publié un ouvrage de 1952 que j’ai découvert par hasard et qui n’avait jamais été publié en France. Ainsi, ça me permet de publier des œuvres qui ne sont pas toutes contemporaines.

 

BS : Le 13 mars dernier, le troisième tome de l’auteure Jane Smiley, Notre âge d’or, est paru aux Editions Rivages, pouvez-vous nous le présenter ?

N.Z : Jane Smiley a eu le projet ambitieux et impressionnant de raconter l’histoire d’une famille sur un siècle, en reprenant les contextes historiques des États-Unis. Son dernier tome se situe des années 1986 à 2020, elle a donc dû anticiper certains évènements, tel que l’élection de Donald Trump par exemple. Ce troisième tome, après la période des Trente Glorieuses constitue une destruction des utopies et le titre que Jane Smiley lui donne, Notre âge d’or, est bien sûr ironique.

 

BS : Est-ce que le retour de Jane Smiley est un pari réussi ?

N.Z : C’est un pari très réussi. Elle a été délaissée pendant quelques années par les lecteurs français, mais la publication de ce tome montre un nouvel engouement pour l’auteure et notamment de la part des librairies qui se sont réjouies de cette parution. Ça fait longtemps que nous l’éditons, et elle a notamment connu un grand succès en France avec Un appartement à New York, j'espérais donc qu’elle rencontre à nouveau son public français avec son dernier tome.

 

BS : Quels sont vos projets à venir ? Aimeriez-vous expérimenter l’édition dans un autre genre, une autre catégorie ?  

N.Z : Pourquoi pas éditer des ouvrages d'autres langues- asiatiques, scandinaves. La non-fiction est aussi un genre que j'aimerais expérimenter plus souvent.

 

BS : Quel livre auriez-vous aimé éditer ? Avez-vous des regrets éditoriaux ? Des livres que vous avez refusé d’éditer et qui se sont très bien vendus chez un autre éditeur ? Et à l’inverse des livres que vous regrettez d’avoir publié ? 

N.Z : Je n’ai aucun regret en ce qui concerne les livres que j’ai édité. Après, il est vrai qu’il y a certains ouvrages que je n’ai pas édité et qui ont marché chez d'autres maisons, mais je pense que leur succès est davantage lié aux autres éditeurs. De toute façon, on n’a pas bon à tous les coups, ça fait partie du jeu. Je pense que dans ce métier il ne faut pas avoir de regrets sinon on n’avance pas. Je me remets surtout en question sur ce que j’aurais pu faire pour que les livres que j’ai publié marchent davantage.

Un des grands auteurs que j’aurais aimé édité, c’est Philip Roth. J’adore cet écrivain et je suis friande de ses livres.

 

 

 

Propos recueillis par Caroline Garnier pour BookSquad

TEMPS DE LECTURE: 3 minutes

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