Rapport BASIC : l’édition, ennemie du développement durable ?

Par : Hermine Damamme

14/09/2017

À la veille du coup d’envoi la rentrée littéraire, le BASIC dévoile un rapport alarmant.

Un livre français : Évolutions et impacts de l’édition en France : tel est le titre du rapport dévoilé le 12 septembre dernier par le Bureau d'Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne. En pointant les coûts environnementaux et sociétaux engendrés par l’édition, il a provoqué un véritable coup de tonnerre dans le monde de l’édition.

Une impression d’immense gâchis ressort de sa lecture : la surproduction systématique voulue par les éditeurs, le besoin de faire appel à l’extérieur que ce soit pour l’importation de pâte à papier ou pour l’impression d’ouvrages, les faibles possibilités de recyclage, la pollution…

En raison du coût onéreux que représente le stockage, 142 millions d’ouvrages imprimés « en noir » sont pilonnés chaque année : autrement dit, un livre sur 4 est détruit sans avoir été lu, soit 20 à 25% de la production annuelle de titres. Celle-ci n’a cessé d’augmenter depuis 1970 pour atteindre les 70 000 par an. Entre 1970 et 2007, la production de nouveautés a été multipliée par 3. Ce qui revient à plus de 175% (soit 2,8% en moyenne par an) selon le dépôt légal et plus de 203% selon le Syndicat National e l’édition (SN). Comment expliquer une telle hémorragie ? L’impératif de rentabilité à court terme des éditeurs - et en particulier, de groupes comme Hachette, Editis et Madrigal -, tout d’abord. Pour limiter les coûts de production des ouvrages et augmenter leurs marges, ils n’hésitent pas à faire imprimer « en masse » leurs nouveautés. Le Marketing a aussi sa part de responsabilité dans cette volonté des éditeurs de produire plus, toujours plus. Ils veulent en effet être visibles dans tous les rayonnages et sur toutes les tables des points de vente : « les maisons d’édition doivent créer de la demande en “inventant” constamment de nouveaux produits », énonce à ce propos le rapport.

L’industrie papetière est en crise : troisième secteur le plus touché en France par les destructions d’emplois, les usines de papier se voient contraintes de fermer les unes après les autres. Entre 2000 et 2012, les emplois dans la filière bois-importation-papeterie ont diminué de 33%. 25 à 40% des titres vendus en France sont imprimés à l’étranger (en Italie, en Allemagne et aussi, depuis ces cinq dernières années, en Europe de l’Est). Résultat : seulement 48% du papier consommé en France est produit dans l’Hexagone à partir de pâte à papier importée de pays d’Amérique latine et principalement, du Brésil, qui en est le principal fournisseur. 

Un lecteur « écolo » favorisera donc l’achat de livres d’occasion, le dons de livres, l’emprunt en bibliothèques, sera attentif au grammage du papier de ses romans à l’eau de rose ou de ses ouvrages politiques et au fait qu’ils soient recyclés. Avec 10% de livres recyclés par an seulement, trouver un tel ouvrage relèvera de l’exploit… 

TEMPS DE LECTURE: 2 minutes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES LIÉS