Céline, Rebatet, « Mein Kampf » : faut-il publier ces textes polémiques ?

Par : Caroline Garnier

18/03/2019

Animé par Emmanuel Pierrat, François Gibault, Antoine Spire, Jean-Luc Barré et Linda Maria Barros ont été invités à débattre, lors de Livre Paris, sur la question de l’édition d’oeuvres aux discours controversés, haineux et antisémites.

« Nous sommes dans un contexte qui a beaucoup évolué et je ne suis pas sûre que c’est en bien. Même le fait de rééditer pose problème », se lamente Jean-Luc Barré, qui se positionne en faveur d’une publication d’oeuvres polémiques tout en admettant que « il y a des thèmes qu’on ne peut plus traiter aujourd’hui ». 

Pour l’éditeur,  refuser de republier une oeuvre qui pose problème tel que « Mein Kampf » ou les pamphlets de Céline, c’est participer à leur mythification. « Je pense que le lecteur est intelligent et qu’il sait faire la part des choses. De plus, le rôle de l’éditeur n’est pas de faire le tri ». Jean-Luc Barré a par exemple passé outre les propos antisémites d’une extrême violence de Rebatet, et a décidé de republier son ouvrage Les Décombres en 2015, car son livre constitue un « bestseller de l’occupation », possédant des documents historiques. « Et puis, il faut reconnaître que Rebatet est un véritable écrivain ». « Les interdits en matière de publication pose problème » affirme-t-il. Pour Emmanuel Pierrat, il existe « une pente compliquée où même des personnages de romans doivent avoir une morale, comme en témoigne la censure de «Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » dans les bibliothèques américaines, en raison de l’usage du mot « nègre » dans la bouche d’un personnage raciste ».

Antoine Spire adopte une position plus nuancée. S'il ne s’oppose pas à la publication d’oeuvres polémiques, il considère qu’elles doivent paraître dans une édition scientifique, qui expliquerait aux lecteurs les positions antisémites d’auteurs comme Céline ainsi que le contexte dans lequel les écrits ont été rédigés. « Je suis pour qu’on publie tous les textes à condition qu’il y ait un accompagnement, un travail de recherche qui encadre ces écrits problématiques », déclare-t-il.

François Gibault s’inquiète quant à lui de voir les pamphlets  de Céline publiés, « compte-tenu des violences antisémites actuelles ». Un contexte actuel qui n’inquiète cependant pas Jean-Jean-Luc Barré. « Ce n’est pas en lisant Céline ou Rebatet que les actes antisémites vont augmenter, les gens qui font ça, n’ont pas besoin de ça » affirme-t-il.

L’oeuvre entière de Céline tombera dans le domaine public en 2022, tandis que Fayard travaille sur la réédition de « Mein Kampf ».

TEMPS DE LECTURE: 2 minutes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES LIÉS