La révolution du livre numérique n’a pas eu lieu

Par : Joanna Kurcz

02/10/2018

En s’appuyant sur les données récoltées par l'institut d'études de marché GfK entre 2007 et 2016, le Département des études, de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture a réalisé une étude menée par Olivier Donnat sur l'évolution de la diversité consommée sur le marché du livre.

Marché du livre

Cette étude révèle la singularité du marché du livre. Contrairement aux marchés de la musique ou de la vidéo notamment, « la révolution numérique ne s’est pas traduite par un recul spectaculaire du marché physique au profit des consommations dématérialisées, qu’elles soient payantes ou non ». Les Français continuent en effet de privilégier le livre imprimé dans leur très grande majorité : « si 21 % d’entre eux déclarent avoir déjà lu partiellement ou en totalité un livre numérique, la part dématérialisée du marché de l’édition demeure, dans notre pays, à un niveau modeste », explique Olivier Donnat.

Des ventes en légère baisse

Ainsi, au cours de la décennie 2007-2016, le niveau général des ventes de livres imprimés « n’a que légèrement diminué, avec une baisse des quantités vendues (– 4 %) un peu plus marquée que celle du chiffre d’affaires (– 1 %) ». Le volume des ventes de la littérature générale, des livres d’histoire ou des bandes dessinées a relativement peu évolué, tandis que les livres pour la jeunesse (+ 15 %) et les livres du rayon « loisirs et vie pratique » (+ 16 %) ont connu une réelle croissance.

Malgré le léger recul du volume global des ventes, « le nombre de livres différents ayant fait l’objet d’au moins une vente dans l’année a régulièrement progressé » entre 2007 et 2016 (+ 50 %), de même que celui des auteurs (+ 36 %) — « ce qui s’est traduit par une diminution de l’ordre d’un tiers du nombre moyen d’exemplaires vendus par livre ou par auteur ».

Des livres vendus à très peu d’exemplaires

L’étude montre aussi qu’il existe toujours de plus en plus de références vendues sur le marché de l’édition entre 2007 et 2016. Et les livres dont les ventes annuelles sont inférieures à cent exemplaires expliquent plus de 90 % de cette progression. En outre, « ceux dont les ventes ne dépassent pas le seuil des dix ventes expliquent, à eux seuls, plus des deux tiers (68 %) de cette même progression ». 

« Le nombre de références actives a presque doublé en dix ans pour les ouvrages vendus à moins de dix exemplaires une année et a été multiplié par 1,4 pour ceux dont les ventes annuelles se situent dans la catégorie immédiatement supérieure (10 à 99 exemplaires vendus), tandis qu’il augmentait à un rythme nettement inférieur pour les livres connaissant des ventes supérieures, et diminuait même d’environ 15 % pour ceux dont les ventes annuelles se situent entre 10 000 et 99 999 exemplaires ». Pour l’auteur de l’étude, les progrès techniques et méthodologiques ont, entre autres, joué un rôle dans la prise en compte des faibles ventes.

Mais cette hausse des ventes des ouvrages à faibles exemplaires s’explique aussi par l’extension du domaine des petits éditeurs. « Le lien entre l’augmentation des ouvrages à faibles ventes et celle des petits éditeurs apparaît manifeste : le nombre d’éditeurs présents dans les données du panel GfK a augmenté d’environ 50 % au cours de la décennie », rapporte Olivier Donnat. Le développement de ces petites structures témoigne aussi du développement « de différentes formes d’auto-édition en lien avec l’émergence d’une offre de services en ligne à destination des écrivants en quête de publication ou simplement de diffusion de leurs productions : recours au financement participatif pour réaliser des projets d’ouvrages, aides à l’écriture, conseils en marketing, accès aux plateformes de diffusion des textes sous forme numérique et sous forme imprimée grâce à l’impression à la demande, etc. ».

Une concentration forte au cours de la décennie

Malgré ces évolutions, la décennie reste globalement marquée par un renforcement de la concentration : en effet, « la part des références actives totalisant 90 % des ventes est de 12 % de l’ensemble des titres vendus en 2016 contre 15 % dix ans auparavant. La minorité d’ouvrages sur lesquels repose l’essentiel du marché est ainsi devenue de plus en plus... minoritaire au fil de la décennie, que ce soit dans le secteur de la littérature générale (8 % des titres concentrent 90 % des ventes en 2016 contre 11 % en 2007), dans celui des bandes dessinées (18 % en 2016 contre 22 % en 2007) ou dans celui des livres pour la jeunesse (19 % en 2016 contre 24 % en 2007) ».

Source : Evolution de la diversité consommée sur le marché du livre, 2007-2016

 

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