Elsevier, partenaire dominant des consortiums universitaires

Par : Lucile Payeton

24/05/2019

L’European University Association (EUA) a publié, le 13 mai dernier, son deuxième rapport recensant les contrats les plus importants passés entre des consortiums et des maisons d’édition spécialisées dans l’éducation.

Les consortiums dépensent ainsi plus d’un milliard d’euros par an pour avoir accès à toutes les ressources proposées par les éditeurs (journaux, ebooks, bases de données et autres ressources nécessaires à la recherche pour les étudiants et les enseignants) avec plus de 720 millions d’euros dédiés aux journaux académiques seuls.
 
 
L’émergence de nouveaux contrats
 
Le rapport explique l’arrivée d’un nouveau type de contrat passé entre les éditeurs et les consortiums. Ce nouveau modèle repose sur une approche plus globale des dépenses. Le « Publish and Read » (Publier et Lire) inclut les frais de publications et les frais d’accès à la lecture des données publiées par l’éditeur. Les chercheurs peuvent ainsi librement et instantanément publier leurs articles en Open Access et avoir accès au contenu d’un certain nombre de journaux académiques. 
 
Les universités se sont vues demander si un tel type de contrat - alliant le coût des abonnements et les APC (Article Processing Charges, coûts de publication d’articles) - les intéresseraient. 65 % d’entre elles souhaiteraient mettre en place ce type de contrat avec un éditeur. 
 
Elles y voient plusieurs bénéfices : des coûts réduits et un meilleur contrôle des coûts exercés sur le droit de publication des articles, plus d’articles publiés en Open Access, la possibilités de faire des négociations plus avantageuses pour elles, la possible garantie de laisser les chercheurs publier dans les revues de leur choix. 
 
Néanmoins, les universités voient aussi plusieurs difficultés qui pourraient émerger après la signature d’un contrat comme le « Publish and Read ». Elles continueraient de dépendre de l’éditeur et de ses conditions d’accès et de publication. Il ne permettrait pas non de proposer des négociations plus avantageuses pour le budget qu’allouent les universités à la recherche. 
 
 
5 maisons à la tête du milieu académique
 
Le marché de l’édition spécialisée dans la recherche est en effet, déjà dominé par les éditeurs.
 
L’étude, menée entre 2017 et 2018, révèle les noms des cinq éditeurs les plus influents de la sphère académique : Elsevier, Springer Nature, Taylor & Harris, Wiley et l’American Chemical Society. 
 
Ils se répartissent 167 contrats établis avec 31 consortiums différentes. 
 
Elsevier est l’éditeur tenant la plus grande part du budget (475 267 400 euros pour un total de 29 consortiums) alloué par les consortiums à la recherche, à savoir 56 %, devant Wiley qui gagne 18 % du budget et Springer & Nature, 16 %. 
 
Parmi les contrats signés par Elsevier, l’éditeur compte le Consortium Couperin et le consortium norvégien Unit
 
 
L’objectif de l’European University Association
 
La publication du rapport s’inscrit aussi, dans le débat suivant l’annonce du « Plan S ». L’initiative soutenue par la Commission européenne et créée par plusieurs agences de recherches, serait d’accorder la publication immédiate en Open Access de toutes les recherches scientifiques résultantes de projets financés par les dites agences avant le 1er janvier 2020. Les chercheurs sont divisés sur la manière d’ouvrir tous les accès aux recherches et aux ressources scientifiques.
 
A travers ce rapport, l’European University Association appelle à plus de transparence sur les budgets et les contrats passés entre les universités et les éditeurs, afin de développer de meilleures politiques facilitant l’accès à la recherche scientifique pour tous, mais aussi l’exercice de prix justes afin de continuer à soutenir la recherche. 
 
« Les résultats de ce rapport soulignent des points majeurs, tels que le souhait de disposer librement des publications, la nécessité d’une plus grande transparence, et l’importance d’exercer un certain contrôle des coûts », indique le rapport.
 
 
 
Le rapport complet est disponible sur le site de l’European University Association

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