Les risques de la croissance rapide de l’autoédition

Par : Claire Chave

18/03/2019

Si l’autoédition attirait déjà quelques jeunes auteurs ne trouvant pas leur place dans les circuits traditionnels, elle s’enrichit désormais de noms plus reconnus. Pour autant, elle reste un moyen compliqué d’éditer des romans.

L’autoédition gagne peu à peu en légitimité, attirant désormais des auteurs confirmés notamment grâce aux plateformes d’autoédition numériques. Différents acteurs de ce secteur montant étaient d’ailleurs présents cette année lors du Salon du Livre Paris.

La croissance de ce secteur est récente, représentant en 2017 17 % des livres déposés à la BnF, contre 10 % en 2010. En 2017, la BnF comptabilisait 1.210 primo-déposants auto-éditeurs, soit 45 % des déposants.

Mise en lumière grâce à des gros succès comme Les gens heureux lisent des livres et boivent du café d’Agnès Martin-Lugand, publié en 2012, sorti sur KDP et vendu 300.000 exemplaires et traduits en plusieurs langues, après avoir été repéré par Michel Lafon.

Selon Jean-Yves Normant, le PDG de la plateforme d’autoédition Bookelis interrogé par Le Monde, « la tendance est visible depuis deux ans. On a franchi un seuil quand des auteurs professionnels, qui vivent de leur écriture, ou des personnalités comme Jean-Michel Aphatie, se sont mis à l’autoédition ».

Dans un contexte où le métier d’auteur est de plus en plus précaire, les plateformes d’autoédition séduisent en proposant un meilleur pourcentage à la vente, un suivi des chiffres en temps réel et en versant régulièrement l’argent aux auteurs.

Marie Caillet, éditée chez Hachette pour son premier tome, a négocié avec l’éditeur un à-valoir de 2.926 euros et touche 7 % de droits d’auteurs. Pour le second tome, elle passe par Bookelis pour la version papier et obtiendra 50 % des ventes ; elle publie elle-même sur Kobo et KDP, touchant la totalité des 70 % assurés par ces plateformes.

L’auteur Neil Jomunsi apprécie la liberté qu’apporte l’autoédition. Ecrivant beaucoup de pièces de théâtres et de nouvelles, un format « quasiment impossible à vendre à un éditeur en France » selon lui, il a décidé de les autoéditer, aidé par des dons de lecteurs via la plateforme Tipeee.

L’autoédition permet aux auteurs de s’affranchir des codes de l’édition, notamment au niveau des genres. « Ils n’ont pas de catégorie à part entière dans l’édition, mais il y a une vrai demande en France », déclare Ainara Ipas, reponsable de KDP France, au sujet des romans « feel good ».

Cependant, « les best-sellers sont peu nombreux et concentrent de plus en plus de chiffres de vente », constate Jean-Yes Normant. Par conséquent, beaucoup d’auteurs professionnels déconseillent l’autoédition aux jeunes auteurs, comme Souillon, auteur de la BD Maliki.

Neil Jomunsi précise que l’autoédition reste « un circuit fermé, on n’a accès qu’aux lecteurs qui s’y intéressent. Le reste de la profession, et la presse, sont indifférents »*.

Source : Le Monde

 

Mise à jour du mardi 19 mars à 18h40

* Nous avions initialement et par erreur attribué cette citation à Jean-Yves Normant, PDG de Bookelis. Ce dernier, nous signalant l'erreur, a tenu à préciser ne pas partager cette opinion,« qui contredit ce que nous observons au quotidien avec Bookelis ».

TEMPS DE LECTURE: 2 minutes

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