Royaume-Uni : endiguer la solitude par la lecture.

Par : Caroline Garnier

22/11/2018

Un rapport mené par le groupe de réflexion britannique Demos, affirme que le développement de la lecture pourrait réduire le sentiment de solitude.

Le rapport « Une société de lecteurs » révèle que la solitude serait la cause d’une mort prématurée chez près de deux millions de personnes. Commissionné par l’organisation caritative britannique The Reading agency et menée par le laboratoire d’idées Demos, qui réfléchit à des solutions pour répondre aux différentes problématiques sociales, ce rapport avance que la lecture permettrait d’endiguer l’isolement et donc de prévenir le développement de démences, liés à une rupture sociale.

D’ici 2030, le retrait social devrait s’amplifier au Royaume-Uni pour toucher plus de 7 millions de Britanniques âgés de plus de 60 ans. Loin d’être anodin, la solitude nuit à la santé mentale des personnes qui y sont exposés. Anxiété, dépression, nervosité, et démence, autant de troubles causés par l’isolement. Pour lutter contre ce phénomène, le rapport démontre que la lecture réduit le sentiment de solitude des personnes âgées de 18 à 64 ans. Elle peut même prévenir le retrait social et donc endiguer ses maux. Lire permettrait donc de protéger les générations futures de la solitude.

Demos considère que l’isolement s’inscrit dans l’une des plus grandes problématiques sociétales. Polly Mackenzie, directeur du groupe de réflexion, affirme que la perception de la lecture doit changer. « Même si la lecture n’est pas une solution miracle pour soigner tous les maux de cette génération, elle peut néanmoins faire travailler notre cerveau, enrayer les signes de démence et favoriser les liens sociaux, tout en luttant contre la solitude et la dépression. Ce n’est pas exagéré d’affirmer que la lecture peut transformer la société britannique. »  

Compte-tenu des bienfaits de la lecture sur la santé mentale, comme la régulation des humeurs, mais aussi le recul du vieillissement du cerveau, le rapport encourage le Service de santé nationale (NHS ou National Health Service) à investir davantage dans des espaces de lectures, au sein des bibliothèques pour recourir à la thérapie par le livre. Il encourage également le gouvernement à mettre en place des politiques afin de favoriser la lecture tout en sollicitant la BBC  pour jouer un rôle actif dans cette campagne, en sensibilisant ses auditeurs à créer une « société de lecteurs ». Demos estime que le gouvernement devrait investir 200 millions de Livres sterling (soit 224 millions d’euros) pour développer la lecture afin de lutter contre la solitude. Il recommande également la création d’un « Book relief », similaire à l’organisation caritative britannique  « Comic Relief», qui oeuvre pour récolter des dons contre la famine en Éthiopie, afin de collecter des fonds pour des associations caritatives, qui se mobilisent pour le développement de la lecture et de sensibiliser les populations aux bienfaits de la lecture.

Ce rapport coïncide avec le lancement d’un nouveau programme « Reading Friends », à l’initiative de The Reading Agency et fondée par The Big Lottery Fund. Composé de personnes âgées isolées, présentant des signes de démences et des handicaps, cette organisation a pour objectif de créer un échange entre les membres autour de leurs lectures. 88% des participants déclarent apprécier le contact social lié à ces conversations axées sur leurs lectures. Le même pourcentage de personnes interrogées ajoutent que cela a donné un sens à leur semaine. Ce programme devrait être proposé sur tout le territoire britannique, d’ici 2020.

Même si « les prévisions concernant l’épidémie de solitude sont particulièrement choquantes » précise le directeur de « the reading Agency, « la lecture peut être une solution » ajoute-t-il. Pour lui, il est primordial que les personnes, de tout âge, se réunissent pour lutter contre ce phénomène et éviter que l’isolement connaissent une hausse chez les futures générations.



Source: The reading agency
Crédits photos: Creative Commons

TEMPS DE LECTURE: 2 minutes

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